Avant que vous lisiez cet article il est important de se projetter à l'époque ou il a été écrit, avant le renouveau de la fin des années 2000 de pair avec la kustom Kulture et le revival des Pin up. Il s'agit d'un reportage qui a le mérite d'avoir exister mais qui parle d'un mouvement sans vraiment l'avoir analyser dans sa complexité, les remarques des sociologues sont pour moi plutôt simpliste, les hepcats des 1990's et les cats des années 1980's sont appraement noyé dans un floux parfait, on ne parle pas des rockers pourtant des acteurs majeurs du mouvement fifties et le passage sur les Teddy Boys est faux en effet tous les véritables teds aiment les racines noirs du rock il suffit de lire les interwiew de Crazy Cavan qui admire Little Richard et Chuck Berry et les formations teddy Boys qui furent les premières à faire du doo wop (style essentiellement noir) en Europe en plus ils sont de grands défenseurs de la culture fifties même si vestimentairement le look se rapproche de l'angleterre plus que des USA. Maintenant place à l'article:
Texte original de l'article par Jeremy Torjman , Photos Olivier Chouchana
Ils ont entre 20 et 40 ans, s'enduisent de gomina, vivent dans le formica et s'éclatent sur Bill Haley. Rencontre avec ces drôles de familles françaises qui ont bloqué le compteur sur les années 1950.
Comment faire un voyage dans le temps avec une cate orange? C'est simple: depuis Paris, prenez le RER A en direction de Lognes, ville nouvelle aux allures futuristes construites dans les années 1980. Sonnez à la porte de ce petit pavillon de banlieue perdu au bout d'une haie d'immeubles, et vous voilà embarquées dans une épope au pays d'Elvis. Chez Victor et Pascale, l'atmosphère rétro est palpable à peine le seuil franchi. Baigné par un vieux son rock' n' roll et saturé de couleurs vives, le séjour évoque ainsi un intèrieur américain des années 1950. Tout y est; bar hawaiien en bambou, vaste table en formia soutenue par des pieds inclinés en métal, une photo du king et une étagère entire de vinyles de rockabilly et de rhythm' n' blues. On trouve un téléviseur d'époque, forme trapèze et écran rond, qui abrite en son sein... un tube cathodique des années 1990. Seul véritable intrus, le magnétoscope est, lui, tenu à l'abri des regads, signeusement dissimulé dans un meuble.
Les maîtres de Céans ne sont pas en reste: coifurre en coque cernée par deux nattes, mouche au coin des lèvres et pantalon taille haute pour Pascale, 35 ans; chemise en laine, jean à ourlé retroussés et cheveux graissés pour Victor, 40 ans.

Même leur progéniture, Clark, âgé d'à peine 6 ans, arbore une superbe banane. "Il adore le rock' n' roll", assure sa mère.
"Il faut bien comprendre qu'n n'est pas déguisé pur le soir ou le week-end" note Victor, qui dit n'avoir aucun mal à concilier look avec sa profession d'imprimeur. " Je n'ai qu'une seule garde-robe", confirme Pascale, aide-comptable de son état.
Née d'une fascination pour les actrices hollywoodiennes, pour elle, et de la découverte du milieu rock, pour lui leur passion pour les fifties dépasse de loin le imple passe temps: elle s'est mué en art de vivre.
"J'aime bien être décalée, différente, ne pas suivre la mode, indique Pascale. Tout ce qui se faisait à cette épque est tellement plus beau qu'aujourd'hui!"
"C'était quand même une pèriode heureuse: pas de chômage, l'aprés-guerre, de belles voitures... et puis il y a eu la naissance du rock n'roll", complète Victor. Rien d'étnnant que ces deux passionnés se soient rencontrés, il ya près de dix ans, dans un rassemblement fifties...
Combien sont -ils, comme eux, à vénérer une époque qu'ils n'ont même pas connue enfant? Une chose est sûre: pas beaucoup. En France, depuis la fin du revival rock des années 1980, ils font même figure d'espèce en voie de dispartion.
Et ils le savet. " Le milieu est en train de mourir. Il n'y a plus de soirées, plus de lieux, et surtout il n'y a pas de relèves. " Les jeunes se foutent complètement du rock n'roll", déplore Yannick 43 ans, qui gère, avec sa compagne, Brigitte, 40 ans, l'enseigne Mamie, l'un des derniers temples de la fripe rétro à paris.
Pourtant, pour rien au monde ils ne renonceraient à se ruiner pour un disque de rockers méconnus (Johnny Burnette, Carl Perkins...), à chiner pour dégoter les perles rares du foisonnant design de l'époque, ou même, pour les plus modernes, à surfer sur Internet à la recherche de leur Graal.

"Cette allure rétro me correspond, affirme Rizlen 26 ans, qui suit des études de stylisme à Londres. J'aime le côté glamour de cette époque, le mythe de la pin-up. Les pantalons et les jupes serrent bien la taille, les hauts marquent les formes. La femme était davantage mise en valeur." "Que se soit au cinéma ou dans la mode, cette pèriode célébrait l'essence de la féminité, affirme brigitte, grande admiratrice de Rita Hayworth et Marilyn Monroe. C'est triste de voir des petites nanas qui s'habillent en jogging pour passer inapercuess..."

"C'était quand même autre chose que les jupes au ras des fesses et le string qui dépasse du pantalon, tranche Vanétia, 28 ans, qui s'apprête à ouvrir un salon d'esthétique rétro à Toulouse. C'est d'ailleur à cette époque -là que la beauté de la femme a explosé." Certains créateurs de haute couture (Jean Paul gautier, karl Lagerfield...) ne s'y trompent pas, et viennent régulièrement puiser dans cet héritage de quoi nourir leur inspiration.
Ce goût très exclusif pour la sape d'époque se retrouve côté masculin. " LA chemise en gabardine d'alors est d'une qualité inégalée: elle tient encore la route après cinquante ans, et elle a de la gueule", soutient Victor. " Maintenant, c'est devenu presque ringard de s'habiller pour sortir, de devenir le prince le temps d'une soirée, regrette Yannick. Aujourd'hui, les hommes se laissent trop aller au niveau esthétique."
Dans ce micrcosme, on devine le soin qu'ils prennent à peaufiner leur allure: la brillantine ou la graisse pour sculpter le cheveu, la petite moustache finement taillée à la Clark Gable pour certains, la barbe rasée de près, l'extrême raffinement dans le choix des coloris.
Décalée sur la mode et sur la musique - ne leur parlerpas de techno!-, lassés de l'étiquette de ringard qui leur colle à la peau, certains regrettent douloureusement de ne pas avoir vécu pendant les années 1950."Les seules choses qui me feraient regretter le présent, c'est la pilule et l'électroménager. Pour le reste, je signe tout de suite" affirme Brigitte.
Aujourd'hui la société n'est pas trés belle, martèle Vanetia. A l'époque, il ya avait une insouciance qui n'existe plus aujourd'hui. La femme était peut être moins libre, mais il y avait davantage de respect".
Oubliées les guerres de décolonisation en France, la ségrégation raciale aux Etats-Unis et la condition peu enviable de la femme? Pas tout à fait.
"Les fans assimilent souvent leur pèriode de prédilection à un âge d'or général: tout était alors mieux, plus beau, plus solide, analyse Philippe Le Guern.
Ils rejettent alors les repères actuels et se livrent à une reconstruction mythique de l'époque."
Une mythification qui ne fait pas l'unanimité au sein du milieu fifties: " Je n'aurais pas voulu vivre à cette pèriode: les femmes n'avaient ni le droit à l'avortement, ni le droit à la parole. Et en France, elles venaient tout juste d'avoir le droit de vote", tranche Sté, 36 ans, restauratrice de mobiliers 1950, blonde platine, coiffée à la marilyn. " Je suis femme au foyer d'aujourd'hui, avance Nathalie , 35 ans, qui évolue dans ce milieu depuis bientôt vinght ans, mais je n'aurais pas accepté de l'être dans les années 1950: c'était quasiment de l'esclavage. Et puis les hommes étaient bien plus machos qu'aujourd'hui: je le vois bien en regardant mes grands-parents!".
D'autres soulignent enfin le puritanisme d'une société qui vouait le rock' n' roll aux gémonies.
"Aux Etats-Unis, dans les années 1950, note Anne Benetollo, de grands journaux comme le "New York Times" ont comparé Elvis Presley à Hitler, à cause de la fascination qu'il exerçait sur les foules!"
Les fans des fifties français tombent en revanche tous d'accord lorsqu'ils célèbrent une autre nostalgie, bien plus co,nsensuelle: celle de l'age d'or de leur mouvement dans les années 1980. " A la fin de la décennie précédente, le punk venait d'éclore en Grande-Bretagne, et dans son sillage, de petites chapelles sont nées en France qui sont allées puiser dans les racines du rock' n' roll américain pour se forger une identité", rappelle le sociologue Patrick mignon. Issus des milieux populaires, ceux qui se baptisent alors "cats" (en opposition aux "Teddy Boys", frange peu ouverte aux racines noirs du rock) adoptent trés tôt la dégaine fifties - A l'époque , ça ne coutait rien", dit Yannick-, écument les lieux de nuit parisiens et font des émules. Leur repaires? Le Golf -Drouot, le Balajo, mais aussi le Bataclan, le Rex et les Bains-douches, devenus aujourd'hui des lieux de rendez vous de la hype parisienne. D'aprés Yannick, "la communauté" comptait alors quelques deux milles membres à Paris (contre peut-être dix fois moins aujourd'hui) "9a bougeait vraiment", se souvient il. Mais à la fin des eighties et l'arrivée massive de la techno vont sonner le glas de la banane.
Depuis, pour dénicher un son roots ou se sentir moins seuls, les fans français sont contrains de se tourner vers l'étranger. Ces dix dernières années, de vastes rassemblements fifties ont ainsi éclos en Espagne, en Italie et surtout en Angleterre, berceau du revival rock. Dernière manifestation en date, outre-Manche, la septième Rhythm & Riot, non loin de Douvres, a réuni pendant trois jours deux milles cinq cent pèlerins venus communier autour du rythm 'n' blues et des Cadillac d'époque.
Rien de tel en France: "Le mouvement est trop sectaire ici, note Turky, qui anime des soirées fifties. Si les amateurs ne viennet que pour danser, on lur reprochera de ne pas avoir l'esprit rock 'n'roll."
Le propos est peut être excessif, mais il est révélateur: ces fans des fifties tiennent à mleur singularité et ne veulent pas être mélangés à la masse sous aucun prétexte.
Même si cela les condamne à disparaître. " on est un peu des dinosaures d'une époque révolue, reconnaît Pascale. Mais les dinaosaures sont morts depuis longtemps....et on continue à parler d'eux, non?"